Mercredi matin, j'avais rendez-vous à 7 heures aux admissions.
Équipée de mon sac rempli d'une chemise de nuit, d'un peignoir, de pantoufles, d'une trousse de toilette, d'essuies, d'une tenue de détente pour la sortie, de livres, mais aussi et surtout d'un panda et d'un panda roux, peluches que mes enfants ont voulu que j'emmène, c'est le cœur battant que je suis montée au 9A. Ma chambre était juste à côté de celle où j'étais pour la mastectomie/tumérectomie, j'avais à nouveau vue sur les terrils dans le brouillard et le parking étrangement vide.
Interrogatoire traditionnel, mise en place de ces magnifiques bas blancs, annonce de l'heure prévue (début d'après-midi) que, d'instinct, après la visite de mon gynécologue, je pressens pour plus tard.
Et puis l'attente. Je lisais "la voleuse de livre" en essayant de gérer ce stress qui m'envahissait et dont je cherchais la raison, car il dépassait justement ce que j'estimais de raisonnable : l'anesthésie, oui, c'est ce qui me stressais le plus.
Midi trente ou presque, on me fait avaler cette dose infâme de tranquillisant qui n'a jamais d'impact sur moi. Et nous descendons, en plaisantant sur le fait que j'ai rêvé que je me faisais opérer à 15h30.
installée dans le box, je me mets dans une position approximative de lotus couché et me concentre, me détend. Je dis adieu à mes ovaires et puisque je confie mon corps à mon gynécologue, je décide de confier mon esprit à qqn qui a une belle philosophie de vie. Et je ne peux m'empêcher de sourire en entendant le monsieur du box d'à Côté ronfler et à peine être capable de répondre aux questions de l'infirmière, au moins un sur qui le "dormicum" fait de l'effet !
Quelques instants plus tard, une infirmière vient me dire que ce sera pour plus tard à cause d'une urgence. Nous remontons. Ma zénitude est mise à l'épreuve ! Plus moyen de me remettre dans le bain de mon roman, donc, je me plonge dans la bd que ma fille m'a prêtée, à savoir Lou, les deux derniers tomes.
15 h, re dormicum (je vais délrer avec deux doses !) re descente en salle d'op. Re plaisanterie sur mon rêve prémonitoire, re détente. quelques mots échangés avec mon gynecologue. Interrogatoire, 3x, c'est sûr, il n'y aura pas d'erreur (En même temps je me dis que mon gynecologue remarquerait quand même bien si c'était qqn d'autre que moi sur la table) Entrée en salle d'op, chapeau sur la tête, perfusion, on me passe un truc autour du cou, masque soit disant d'oxygène, j'essaye de lutter et d'attendre mon gynecologue mais pas moyen, je sombre dans le sommeil.
je suis Sidéra (la mère de Lou, dans la bd que j'ai mentionnée plus haut a écrit un roman dont l'héroïne s'appelle Sidera), je suis un personnage de bd blonde avec une tenue moulante fushia, et je combats dans une univers jaune vif. Et je sens qu'on m'enlève un truc, en fait le masque à oxygène. J'ouvre un œil, je pense que l'horloge de la salle de réveil ne fonctionne pas car il est 18h et que moi, Xena/Sidera, je me réveille presque aussitôt après une intervention. Force est de constater que l´horloge fonctionne puisqu'elle indique maintenant 18h15... Panique ! Mon gynecologue a-t-il eu une mauvaise surprise ? A-t-il du enlever plus que prévu ? Je passe la main sur mon ventre : trois pansements, non, tout va bien.
Retour dans ma chambre où paraît-il mon mari tourne comme un ours en cage. A peine qq paroles échangées, un bisou, il part pour récupérer nos enfants, on le leur avait promis et moi je somnole encore, j'envoie des nouvelles.
La nuit à l'hôpital, Aaaah, que du bonheur ! étant en face du bureau, ça n'arrange rien. Dormir sur dos pour moi, c'est franchement difficile. Question douleurs, j'ai surtout mal au dos, donc, je joue avec mon lit : couchée complètement, assise, semi assise, jambes relevées. Puis j'ai l'idée de placer un panda de chaque côté de la tête et en position semi assise je trouve enfin une position de confort. Je dormais bien , quand le monsieur de la chambre d'à côté tombe, alors qu on lui avait déjà dit la veille qu'il ne pouvait pas se lever. Échanges, que dis-je, engueulades en italien avec l'infirmière...
Il me faut un certain temps pour retrouver le sommeil, entourée de mes pandas (si qq ouvre la porte, il/elle devrait être écroulé de rire). 5h30, prise des constantes. Bon, franchement, est-il vraiment utile de réveiller les patients si tôt, hein ? ma tension est remontée, c'est bien.
et apres, ben plus moyen de retrouver mon sommeil... J'appelle l'homme à 7h15, il pense que je veux vérifier qu'il est bien réveillé, mais je voulais juste dire bonjour aux enfants. Eux dorment encore... Je pourrai les saluer rapidement vers 8h, où mon fils m'annonce qu'il mange un pain au chocolat et qu'il m'en donnera un à Noël (merci mon chéri).
Ensuite, succession de choses : reprise des constantes, ma tension se prend pour une alpiniste et grimpe à 14, mais apparemment ça n'inquiète personne d'autre que moi.
Mon déjeuner royal est servi : 4 biscottes, de la minarine et du café ! Petite diète tant que je n'ai pas "dégazé", LE sujet qui préoccupe tous ceux qui me soignent.
Jé suis libereeeee, delivreeeee de la sonde urinaire (que j'ai bénie car je suis une coincée de la panne)
le service est rempli d'etudiants, tous bien sympathiques, certes, mais je ne comprends pas leur obstination à vouloir que je fasse ma toilette dans mon lit. Je pense "solution" : levez-moi, je pourrai me laverà l'évier ? Non. Je rentre chez moi aujourd'hui, faut-il vraiment que je me lave maintenant ? Oui. On m'apporte un bassin, mes essuies, ma trousse, mes gants de toilette. Me laver dans le lit, quelle horreur, après tout sera mouillé ! un brin de rébellion me fait dire que je ferai le minimum, na. Au moment de plonger ma main droite dans l'eau, problème, il y a la perf, raison de plus pour faire le minimum. Mais c'est qu'elles sont coriaces ! Elles m'envoient alors la jeune étudiante aide soignante... je me laisse faire au départ à contre coeur mais elle était vraiment charmante : d'origine africaine, elle s'appelle Rose, on papote, et vient le moment de passer dans ma liquette les trois perfs qui se touillent bien sûr... C'est le moment que choisit mon gynécologue pour passer, moment de rire en ce qui me concerne à voir sa tête se cachant derrière le rideau en faisant semblant d'être horrifié par la scène. La pauvre Rose était embêtée...
Ensuite me voilà libereeeeee, delivreeeee, de la sonde urinaire. L'infirmière me fait lever jusqu'au fauteuil (deux pas) trajet que je refais presque illico en sens inverse pour refaire les pansements. Ce sont les deux étudiantes têtues qui viennent... qui s'avèrent être ma foi bien courageuses. Toutes les deux sont mamans et ont repris leurs études en promotion sociale : 5 années ! Total respect.
et puis succession de visites : une copine qui était hospitalisée dans un autre service, la diététicienne, la kiné (je les connais toutes les deux, vu mes nombreux passages précédents) et pendant que je fais mes exercices mon gynécologue repasse, confirme ma sortie, mon merveilleux diner arrive ( bouillon sans légumes, petit pain, rôti de porc au jus, pommes de terre vapeur, Miam... Je me suis contentée du bouillon et du pain), mon mari arrive, on emballe tout, jé mets ma tenue de yoga, je prends mes papiers et...
au revoir le 9a !